Françoise Serrault, Directrice de la Communication et du Développement de I-music school

francoise serrault

Un jour, comme très quotidiennement chez Girlz in Web, je fais le tour des communiqués de presse reçus la veille et le matin même… Ce jour, l’un d’eux attire mon attention: le lancement de iMusic School. Ayant une passion avérée pour tout ce qui touche de près ou de loin à la musique je décide de me pencher sérieusement sur ce communiqué de presse. Je découvre le parcours de Françoise Serrault, qui incarne à peu près ce que je voulais être/faire quand j’étais lycéenne. Du coup je saute sur l’occasion qui m’est donnée d’en savoir un peu plus sur elle…

Passée des majors du disque au e-learning, peu banal. Pourriez-vous raconter un peu votre parcours?

J’ai passé la très grande partie de ma carrière dans la musique. De Chef de Produit à co-directrice générale du Label Virgin, j’ai eu la chance de travailler étroitement avec de grands artistes comme Alain Souchon, Renaud, Jean-Louis Aubert, Camille, Phoenix, Julien Clerc, Air, Françoise Hardy… ainsi que des collaborateurs passionnés.  Un métier qui nécessite beaucoup d’écoute, de créativité et de curiosité. Il faut être rapide dans l’exécution tout en étant précis, patient et persévérant car la construction d’une carrière artistique peut être longue. Un point essentiel est le travail d’équipe, qui est certainement l’une des clefs de la réussite. Mes deux dernières années chez Virgin ont été éprouvantes. EMI, propriétaire du Label, avait été racheté par le fond d’investissement Terra Firma et je passais plus de temps à faire et défaire des budgets ou du reporting qu’à réfléchir à des stratégies pour développer des artistes.

Face à la révolution numérique que nous vivions, nous gérions la baisse des revenus en coupant les budgets, en rendant les contrats aux artistes et en enchaînant les plans sociaux. Nous gérions donc la décroissance en essayant de limiter la casse, pas beaucoup de place pour la créativité et l’innovation dans tout cela ! J’ai donc repris mes études boulimiquement en 2009 :  MBA de l’institut Français de la Mode, diplôme de gemmologie, cours d’histoire de l’Art … La pause indispensable pour réfléchir et repartir dans une nouvelle aventure professionnelle.

Il y a un an, j’ai rencontré Stéphane Chauffriat (DG d’iMusic-School). Son projet et sa personnalité d’entrepreneur m’ont immédiatement plu. J’ai rejoint l’équipe en octobre dernier en tant que Directrice de la Communication et du Développement avec pour 1ère mission d’élargir l’offre.

Qu’est ce qui a motivé la création de iMusic-School?

Je n’ai pas personnellement eu l’idée d’une école de musique sur internet. Elle est pourtant simple et évidente. iMusic-School est né de la rencontre de Paul Cesari, musicien professionnel, et Roland Pepe, développeur web.  En fait, ils ont créé le site qu’ils auraient rêvé d’utiliser lorsqu’ils ont commencé à apprendre la guitare. Ils ont convaincu Jean Félix Lalanne et Romane de devenir les premiers professeurs d’iMusic-School. La société a ainsi été créée en août 2007, et les premiers cours mis en ligne en décembre 2007. Conscients qu’ils devaient trouver du financement pour développer leur projet, ils ont d’abord sollicité le soutien de l’Incubateur Corse (I2TC) et trouvé des fonds pour réaliser le premier business plan en février 2008. Ce travail a été fait auprès du cabinet Ernst & Young où Stéphane Chauffriat était alors Consultant en stratégie, spécialisé dans les start-up, et également guitariste amateur. Dès avril, après avoir fait ce travail d’analyse de marché et de formalisation du modèle, il a rejoint l’équipe, convaincu par le projet, et pris en main les aspects marketing, financiers et le management. Depuis, le fond Seventure Partners a injecté 800 k€ en mai 2010 et, au vu des résultats,  à nouveau 1,9 million €, avec Viveris Management, en décembre 2011.

Depuis la création, IMusic-School est  ainsi passé de 4 à 17 personnes. Tout le processus de production des contenus est intégré. La construction des cours s’appuie sur une vraie expertise pédagogique.

Quel est le business model de la société ?

iMusic-School propose des cours de musique en streaming vidéo (de débutant à confirmé), réalisés par des artistes de renom et des musiciens expert. 32 cours, plus de 14 000 vidéos sont  aujourd’hui accessibles pour permettre l’apprentissage des principaux instruments (guitare, piano, basse, batterie…) et des cours de chant. Différents outils pédagogiques adaptés sont fournis à l’élève : partitions, tablatures, playbacks, solfège, ralentis… Chaque cours est accessible de manière illimitée, sans contrainte, pour un coût divisé  par 5 par rapport à un cours physique classique. L’abonnement mensuel varie de 14,90 à 19,90 euros.

Combien de membres compte le site à ce jour et comment se fait l’acquisition de nouveaux membres ?

Plus de 15 000 élèves ont pris des cours en France avec IMusic-School. Le taux de satisfaction atteint les 90 %. Les commentaires sur les media sociaux le confirment. L’arrêt de l’abonnement est généralement lié à un manque de temps. Nous devons également créer plus de contenu afin d’alimenter plus intensément le site. C’est ce qui fera rester les élèves plus longtemps, revenir ou recommander notre site et nos cours. Ainsi, dès le 20 juin, nous mettons en ligne un cours débutant de Ukulele avec Renaud Rudloft ainsi qu’un Masterclass de Maxime Le Forestier qui explique comment jouer 23 de ses chansons. Sylvain Brissot, Directeur marketing (également ancien Consultant chez Ernst &Young), a fait  depuis un an un travail incroyable en terme d’acquisition. Il investit essentiellement sur Google/Youtube avec de bonnes performances plus particulièrement sur Youtube. iMusic-School intéresse d’ailleurs beaucoup ces derniers, qui nous voit comme un cas d’école, puisque que nous réunissons les 2 plus fréquentes recherches sur youtube : le « how to ? » et la musique.

Les artistes et musiciens sont-ils enthousiastes face au e-learning, est ce une source de revenus importante pour eux ?

Comme les fondateurs, tous auraient aimé pouvoir apprendre la musique avec des artistes qu’ils admirent. Imaginez Keith Richards qui vous explique comment il joue « Jumpin’Jack Flash », Georges Brassens « Les copains d’abord » ; le rêve de tout guitariste qu’il soit débutant ou confirmé ! Ils sont souvent dubitatifs sur le e-learning même si beaucoup sont déjà allés sur Youtube pour essayer de comprendre comment jouer tel ou tel morceau. D’autres raisons peuvent les faire hésiter : ils ne se sentent pas légitimes pédagogiquement, ils manquent de temps… Leurs doutes s’évanouissent vite quand ils  parcourent le site et rencontrent l’équipe pédagogique. Ils comprennent alors qu’ils vont être accompagnés et guidés par des
professionnels qui savent structurer un cours.

Ceux-ci sont bien sûr rémunérés via des royalties provenant des abonnements, mais aujourd’hui ceux qui acceptent sont avant tout motivés par l’envie de transmission et le plaisir de parler « musique ». Maxime Le Forestier, par exemple, nous a avoué avoir vraiment apprécié répondre à des questions qu’aucun journaliste ne lui avait jamais posé auparavant.

Pensez vous que ce modèle est un moyen de faire connaître voire de faire vendre les œuvres de certaines artistes ?

L’objectif d’iMusic-School est prioritairement de répondre aux besoins et envies des élèves. Ils veulent apprendre à jouer de la musique en prenant du plaisir et à leur rythme. Une alternative à l’enseignement parfois rigide, contraignant ou coûteux de l’enseignement classique. Pour les artistes, c’est une façon innovante de communiquer artistiquement et qualitativement avec leurs fans. Ils reviennent ainsi à l’essence de leur métier.

Quel regard portez-vous sur le marché de la musique en ligne ?

Je suis optimiste. Il y a 10 ans, les principaux revenus des artistes provenaient principalement de la vente de CD, des droits voisins et des concerts. Les canaux se diversifient : merchandising, synchro, endorsement de marques, téléchargement, streaming audio et vidéo et… cours de musique ! L’arrivée d’acteurs comme Deezer (une entreprise française !) ou Spotify est prometteuse. Ces entreprises ont su répondre légalement à la demande des consommateurs. Personnellement, je souhaite pouvoir écouter mes chansons préférées et en découvrir quand j’en ai envie où je veux. Ils répondent à mon envie et je suis prête a payer 10€/mois pour en bénéficier. Il s’agit maintenant de pouvoir rémunérer correctement les artistes et les producteurs pour qu’ils puissent continuer a créer et produire. Aux Etats unis et en Angleterre, les revenus numériques (téléchargement et streaming) dépassent les revenus physiques. Encore un an et il en sera de même pour la France. Leur offre est une vraie alternative à la piraterie et plus positive que la répression. C’est encourageant.

Quelle est la stratégie de développement de la société ?

Continuer à répondre qualitativement à la demande des élèves, convaincre des artistes/musiciens à rejoindre iMusic-School, développer notre notoriété et  se déployer à l’international.

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