Invader à La Générale
Elles sont nombreuses, se cachent dans nos rues – le plus souvent à notre insu – et nous observent, impassibles. Elles sont partout et aucune échappatoire n’est plus possible : l’invasion a déjà commencé…
Vous croyez peut-être y avoir échappé mais réfléchissez bien … Ne les avez-vous jamais remarquées, ces petites mosaïques mi-vaisseaux, mi-visages ? Là, voilà ! Maintenant qu’on en parle, vous vous souvenez bien en avoir vu quelques unes au détour d’une ballade dans les rues de Paris, de Los Angeles ou d’Hong Kong.
Car finalement, quand on y pense, il y a juste à lever les yeux pour les trouver, même s’il faut parfois s’aventurer dans les lieux les plus insolites.
Mais de quoi s’agit-il en réalité ? De l’œuvre de l’artiste français Invader, figure incontournable du « Street Art », en hommage aux jeux vidéo pixellisés des années 1970-1980.
Car ces déroutantes mosaïques ne représentent ni plus ni moins que les personnages d’un célèbre jeu vidéo édité par Taito en 1978 – Space Invaders – qui fut un des premiers jeux à très grand succès sur la console Atari 2600.
Et l’une des stars des jeux d’arcade.
En fait, on s’en souvient (ou pas), les jeux de l’époque étaient assez rudimentaires côté techno – ils étaient très pixellisés ! Il n’y a qu’à penser à Pac Man …
C’est donc assez naturellement que la représentation des aliens du jeu par des pixels est devenue le symbole du monde des jeux vidéo.
Un symbole largement médiatisé.
Bon ok, c’était bien avant la Game Boy et à l’époque, les Geeks n’étaient pas encore à la mode …
Mais du coup, rien de plus facile pour notre mystérieux artiste – il préfère rester incognito – que de symboliser chaque pixel par un carreau de mosaïque !
Et c’est ce qu’il a commencé à faire dès 1998 dans une ruelle parisienne. Paris, ville où l’invasion est la plus dense, les vaisseaux aliens les plus nombreux.
C’est d’ailleurs dans la capitale que le 1000ème Space Invader a été posé la semaine dernière, sur un des murs de La Générale.
L’accrochage a eu lieu pendant le vernissage de l’expo consacrée à Invader par ce laboratoire artistique, politique et social.
Vernissage apparemment envahi par une foule de hipsters en délire !! Tendance décalée du sujet oblige.
L’expo en elle-même permet une immersion totale et sans retenue dans l’univers d’Invader pour notre plus grand plaisir !
Car les facettes de l’artiste sont multiples …
Et tout y est, des cartes d’invasion urbaines aux installations (distributeurs automatiques et autre Rubik’s Cube géant) en passant par la section stickers, les fameuses pochettes de disque pixellisées et les œuvres Rubikcubistes !
On est loin des expos sages et sans interactivité auxquelles nous ont habitué les musées parisiens …
L’expo est effectivement dès plus originales puisqu’elle sollicite les 5 sens tout au long de notre exploration du lieu et des œuvres grâce à une profusion de couleurs, de formes, de bruits et même d’odeurs (miam, un bar à gaufres spécial Space Invaders).
Le must se trouve à l’étage, sur la mezzanine, avec une gigantesque mosaïque composée des clichés de tous les Space Invaders dispersés dans Paris !
Sans oublier les secrets qu’abrite la pièce cachée du fond … Mais chut, je ne vous en dis pas plus sinon l’expo n’aura plus aucun mystère pour vous !
Ah si quand même, pour conclure, quelques mots sur la démarche de l’artiste.
Vous me direz ce que vous en pensez mais si certains l’apparentent au mouvement graffiti, n’est-il pas plus pertinent de comparer la démarche d’Invader à celle du hacker ?
Car finalement, le but ultime ici est bel et bien la propagation d’un « virus » au sein du système, non ? Avec pour « arme » un réseau international de Space Invaders …
L’invasion urbaine est en marche ; en serez-vous ?
1000 – Une exposition de Space Invader – Du 7 juin au 2 juillet 2011
Du mardi au dimanche – De 12h à 20h30
La Générale, 14 avenue Parmentier, Paris (11e)
Métro Voltaire
les jeux pixellisés comme tu dis étaient réalisées en 8 bits d’où le peu de profondeur possible…
Et quand on voit maintenant la précision et le rendu d’un jeu comme Assassin’s Creed, les années 80 sont bien loin !