MINI Maps, mini expérience
Article lu sur Fais moi jouer. Ecrit par Maud Serpin : passionnée par l’exploration des territoires digitaux, des Wonderland contemporains qu’elle étudie quotidiennement au sein de Curiouser
Explorer le monde sur les routes de Google Maps à bord de sa Mini et défier ses amis à la course, telle est la promesse de MINI Maps, une application révélée le 15 juin sur la page Facebook de la marque. Puisant son inspiration dans des classiques à la MicroMachines, MINI Maps se fait fort d’exploiter au mieux les potentialités de Google Maps pour proposer un jeu de course innovant. Voilà qui nous change des jeux basés sur la géolocalisation – mais l’expérience est-elle vraiment à la hauteur du concept ?
Le monde comme playground
Comme le teaser le laisse entendre, le jeu offre de multiples possibilités au joueur : en individuel, on peut créer son propre parcours ou jouer sur les parcours déjà créés par Mini, et défier ses propres temps. A plusieurs, MINI Maps se fait social : le joueur convie ses Facebook Friends à une course ou bien affronte les joueurs présents sur ce « circuit » géant.
Il est toujours plaisant de retrouver des lieux connus dans un jeu. S’amuser à garer sa Mini virtuelle en bas de chez soi, battre un record sur les quais de Seine, ou encore refaire la balade dans Manhattan qu’on a tant adorée l’été dernier, toutes ces propositions renforcent un des ressorts ludiques de l’expérience, i.e le « faire semblant » dans un univers déjà familier. Un peu comme dans Midtown Madness, c’est la juxtaposition du réalisme – le fait de rouler dans des endroits réels – et de l’imaginaire – je conduis une Mini customisée et je me joue totalement du code de la route – qui donne envie de faire plusieurs parties dans les villes appréciées par l’internaute.
L’innovation technique est par ailleurs à saluer : du Flash sur du Maps dans du Facebook, il fallait quand même le faire ! Le tout est fluide, avec des zooms et des dézooms assez impressionnants. L’application va donc beaucoup plus loin que les tentatives existantes (comme cette autre course de voiture basée sur Google Maps), de par les multiples options de jeu proposées, mais aussi par des subtilités telles que l’adaptation du jeu au décalage horaire : si je joue à 10h en France sur un parcours newyorkais, les phares de la Mini s’allumeront.
Jouabilité > Innovation
Cependant, si, sur le papier, l’expérience semble tout à fait prometteuse, la pratique s’avère quelque peu décevante. Le jeu est audacieux. Trop audacieux : pouvoir créer des circuits et faire des courses un peu partout dans le monde entier relève d’une gageure quasi-impossible, ne serait-ce que parce que Maps est parfois limité dans sa vision satellite !
On regrettera également la délimitation des rues praticables en voiture par des traits bleutés, peu réalistes, qui apparaissent et s’effacent au fil du parcours. Tout comme la maniabilité de la voiture, qui n’est pas forcément intuitive de prime abord (et non, je ne dis pas ça parce que je me suis heurtée plusieurs fois aux délimitations bleues lors de mes premières parties !).
Prendre le monde comme playground est certes une belle idée. Néanmoins, quel intérêt d’annoncer une telle promesse quand, à Pékin, les « rues » semblent être construites sur des toits et quand, à Kaboul, il n’y a plus de rues du tout ?
Si le joueur va dans un premier temps s’amuser avec le connu, il est fort probable qu’il ait ensuite envie de tester les limites du jeu : et s’il créait un circuit en plein milieu de l’Irak ? Et s’il s’enfonçait dans la jungle amazonienne ?
Plutôt que d’ouvrir et de multiplier les perspectives, il m’aurait semblé plus efficace de s’attacher à ciseler l’expérience et à privilégier la jouabilité, quitte à circonscrire le jeu dans quelques villes internationales.
Mais c’est souvent l’écueil principal des jeux créés par des marques : mettre l’emphase sur l’innovation technique ou le caractère inédit du jeu pour favoriser visibilité et notoriété (et les retombées presse qui vont avec ;)). Cela se fait naturellement au détriment de l’expérience utilisateur et des mécaniques de jeux. N’oublions pas que, dans tout jeu, le joueur n’a pas nécessairement envie de savoir comment le jeu a été fait ni pourquoi il a été fait ainsi. C’est plutôt en privilégiant les sensations et les ressentis, en renforçant la jouabilité ou encore en répondant à une envie d’exploration offerte par le jeu que l’on parvient à une MAXI expérience.
Je trouve que c’est quand même le propre des joueurs d’aller chercher les bugs. Qu’ils soient nombreux ou pas d’ailleurs. Au final, est ce que ça ne va pas davantage amuser certains de tester des circuits complètement inexistants ? C’est une réelle question de ma part car personnellement je n’aurais jamais songé à jouer à Kaboul. Néanmoins, quand je lis l’interview des deux créateurs j’ai plutôt l’impression que c’est la dimension plaisir qui a été privilégiée. Ils parlent à un moment d’un jeu qu’ils ont créé parce que c’est à ce jeu-là qu’ils auraient aimé jouer. Bref, je mets le lien : http://myartyshow.wordpress.com/2011/06/21/interview-dalexis-benbehe-et-de-pierre-mathonat-crateurs-du-jeu-minimaps/#comment-132 , vous pourrez vous faire une idée vous-même.