Paris Web 2013 : grands pouvoirs, grandes responsabilités
Lors de la 2ème journée de conférences Paris Web, deux interventions on retenu mon attention.
Dans les deux cas il est question d’améliorer l’expérience utilisateur en utilisant de nouvelles technologies.
Designing with sensors : creating adaptive experiences par Avi Itzkovitch
Contexte d’utilisation
Le sujet est plus que jamais d’actualité. Avec l’essor des smartphones, les expériences utilisateur sont amenées à changer selon le contexte. Mais il ne s’agit pas ici seulement de téléphones ; avec l’internet des objets et la domotique, on entrevoit une myriade d’applications possibles.
Selon Avi Itzkovitch, le design adaptive c’est le design qui s’adapte à l’utilisateur et non pas uniquement au device (ce qui et le cas du responsive). Il s’agit d’utiliser toutes sortes de capteurs afin d’identifier le contexte dans lequel la personne se trouve.
Utilisation des capteurs
Parmi les capteurs de nos smartphones : GPS, microphone, accéléromètre, caméra, date et heure.
Ces différents capteurs vont permettre de faire réagir des interfaces selon que la personne se trouve en extérieur, dans une boutique, un centre commercial, ou encore dans un contexte bruyant.
Concrètement, Avi donne l’exemple de thermostats intelligents, qui apprennent les préférences de l’utilisateur et qui savent quand moduler la température selon l’heure de la journée, si les occupants sont dans les locaux ou pas etc.
Le futur
Autre exemple qui pourrait se réaliser dans un futur très proche : imaginez que votre réveil sonne 20min avant l’heure à laquelle vous l’avez réglé, vous informant que votre ligne de métro est suspendue et que vous allez devoir prendre le bus, ce qui allonge votre trajet. On vous informe également qu’il risque de pleuvoir et que vous devriez prendre un parapluie.
Au contraire de la vidéo qui annonçait les débuts de Google Glass, on n’attend pas que la personne se trouve devant la bouche de métro pour l’informer que la ligne ne fonctionne pas. Pour une UX optimale, il faut anticiper.
Géolocalisation indoor
Un autre usage de ces capteurs est la géolocalisation indoor. Il est aujourd’hui difficile de géolocaliser avec précision un utilisateur à l’intérieur d’une boutique par exemple, cependant des solutions à fort potentiel voient le jour, comme les iBeacons.
La technologie, c’est mal (?)
La présentation s’est terminée par une série de questions réponses dont le thème m’a beaucoup surprise. En effet, le public posait essentiellement des questions philosophiques sur les dérives possibles : va-t-on devenir des robots qui ne peuvent pas penser par eux-même ? Ma vie privée et mes habitudes vont-elles être rendues publiques ?
Il me parait pourtant évident que ce n’est pas la technologie qui est en cause mais l’utilisation qui en est faite, comme pour la télévision, les voitures, Internet etc. Comme toujours, c’est aux concepteurs de faire bon usage de ces nouveaux horizons qui s’offrent à nous, et aux utilisateurs de faire des choix réfléchis.
Boucles de rétroaction par Florian Le Goff
Dans la même veine, Florian Le Goff aborde le sujet des « boucles de rétroaction ».
Il s’agit ici de s’appuyer sur les analytics d’un site web pour automatiser le contenu qui va être proposé à un visiteur.
Collecter des données
Il est possible de récolter de nombreuses donnée : adresse IP, date et heure, navigateur, identifiant de la personne si elle est connectée, produits consultés, type de livraison choisi, panier moyen, type de paiement, langue, pays…
A l’aide de toutes ces données, on peut déterminer un comportement d’achat. Amazon est un bon exemple car ils utilisent un algorithme se basant sur ce type de données afin de proposer des produits pertinents à l’internaute.
Next step
Une fois ces données collectées, il est possible, à l’aide d’un outil (Kiss metrics, Mix Panel) de définir des scénarios : si l’utilisateur a suivi tel parcours, alors il voit le contenu X sur la page Y.
Florian donne pour exemple concret le cas d’une newsletter : au lieu de paramétrer l’envoi au même moment pour tous les utilisateurs, il est plus pertinent de l’envoyer au moment où l’on sait que l’utilisateur est susceptible de surfer sur le site en question.
Ne pas effrayer ses clients
Florian met en garde contre une utilisation abusive de ce genre d’outil. S’ils sont très puissants, ils peuvent mettre l’utilisateur mal à l’aise s’il a l’impression que son intimité n’est pas respectée. L’exemple le plus parlant est celui de cette adolescente dont Target savait qu’elle était enceinte avant même qu’elle l’annonce à ses parents…
Les analytics, c’est mal (?)
Encore une fois, les réactions du public étaient mitigées. Bien entendu on pense aux cas extrêmes d’atteinte à la vie privée, mais il faut garder en tête l’objectif principal : proposer plus rapidement à l’utilisateur le contenu qu’il cherche, quand il le cherche.
With great power comes great responsibility, Benjamin Parker
Je comprends cependant que les gens aient posé la question, les deux sont intimement liés ; même si ce n’était pas le sujet de la conférence d’Avi (enfin je crois, je ne l’ai pas encore vue).
Bonjour Stéphane, je suis d’accord qu’on peut se poser ces questions mais ce qui m’a surprise c’est que TOUTES les questions tournaient autour du même sujet.
C’était comme s’ils était tous choqués par ces « nouvelles technos » alors que le public était (censé être) assez geek à la base
Superbe article, Raphaëlle.
Concernant les questions à la fin de la conf d’Avi, j’y ai discerné deux grandes lignes, malgré le fait que certaines questions étaient posés de manière quelque peu simpliste :
d’une part, les technologies présentées semblaient en partie relever de l’ordre du gadget. L’intervention d’une personne engagée dans les questions d’accessibilité me semblait donc tout à fait pertinente : elle suggérait d’utiliser ces technologies de manière intelligente, par exemple pour aider les handicapés.
D’autre part, il y a la question de l’éthique, qu’Avi disait vouloir mettre de côté durant la conférence. Tu as raison, ce n’est pas la technologie qui devrait être en cause, mais l’usage qui en est fait. D’après ce que je vois, sur ce marché émergeant, la plupart (tous ?) des capteurs fonctionnent sur la base de logiciels et de matériel propriétaire. Or, dès lors qu’on a affaire à une boîte noire, on ne contrôle pas ce qui se passe avec les données que ces capteurs enregistrent. On ne peut que se baser sur la confiance, et on a vu ce que ça donne notamment à travers le scandale PRISM.
Donc pour moi il s’agissait-là de questions légitimes, qu’il faut cependant remettre dans un contexte plus large, qui est celui de l’utilisation de technologies propriétaires et de la collecte de données (est-elle centralisée sur un serveur distant ? faite à mon insu ? exploité via des méthodes de fôrage de données ? sécurisée ? etc..) en général. Et ça c’est en effet le sujet d’une autre conférence
Pour avoir présenté un sujet sur Google Analytics à la Kiwi Party à Strasbourg, j’ai été confronté aux mêmes remarques. À croire que la NSA à besoin de GA pour espionner le site de Madame Michu ^^
J’étais un peu surpris de la réaction des gens lors de la conférence de Avi Itzkovitch alors que les retours étaient beaucoup plus positifs lors de ma conférence sur SARAH. Alors qu’on traite du même sujet lui en théorie moi en pratique.