Innovation

Cet article fait suite à la première partie de la synthèse 

L’idéation

Cette deuxième phase correspond au processus de génération, de développement et de mise à l’épreuve des idées. La première étape est divergente: il faut créer des choix. Ainsi, il faut créer, collecter un maximum d’idées avec très peu de filtre et balayer la maximum de scenarios imaginables. Dans un deuxième temps, il s’agira de converger et donc d’effectuer des choix. Un premier tri des idées, des solutions au problème identifié lors de l’inspiration va être effectué. Pour passer vos idées dans cet entonnoir de la créativité, il est indispensable de partager, de confronter, de malmener et de commencer à prototyper les idées pour les enrichir.
Avant de faire un zoom sur le prototypage, voici quelques outils pour générer et développer des idées :

  • Faites appel au grand public : que ce soit via un outil clé en main ou fait maison, vous pouvez aujourd’hui très facilement faire appel aux foules pour répondre à votre problème. Créez un challenge avec des incentives stimulants et fixez des critères d’évaluation et surtout un processus ad hoc et demandez à vos utilisateurs, clients, prestataires, amis ou même à des inconnus de poster leurs idées;
  • Surveillez les conversations : lorsque vous avez analysé les données disponibles en ligne, il se peut que parmi les avis, des solutions liées aient également été postées (“mais pourquoi on peut pas simplement…”). N’hésitez pas à les intégrer à vos réflexions.
  • Étudiez les solutions de contournement : plus enrichissantes que celles de vos concurrents (qui doivent tout de même être également regardées), les solutions de contournement, souvent issues du système D dont nous avons parlé plus tôt, doivent être intégrées au processus diverger et être alimentées et adaptées lors de leur passage dans l’entonnoir

Passons à présent au prototypage. Vous devez prototyper quasiment dès qu’une idée commence à être développée, en respectant deux règles fortement liées :

  • Il faut faire simple pour prouver une valeur fonctionnelle : quand on vous dit prototype, ne répondez pas concept car; Bien qu’il s’agisse effectivement d’un prototype, il est issu d’une étape bien ultérieure du processus. Rappelez-vous de la première souris d’Apple. Et bien le premier prototype sur laquelle elle était construite était constitué d’une bille de déodorant et d’un porte savon…
  • Le prototype doit mobiliser le temps, les efforts et les ressources nécessaires pour générer un retour et faire progresser : dans la continuité de ce que l’on vient de voir, il est clé de trouver le bon équilibre des ressources (humaines, financières, temporelles…) à dépenser pour développer des prototypes. Gardez toujours en mémoire que vous êtes dans un processus exploratoire et qu’à n’importe quel moment les postulats de départ peuvent être remis tout ou partie en question.

Alors comment prototyper un service ou un produit numérique?

  • Un dessin, des post-it : mes premiers prototypes de site ou d’application sont quasiment toujours des dessins grossiers sur des feuilles volantes. Ils me permettent de mettre sur papier ce que j’ai en tête, de me confronter à mes incohérences et de découvrir des voie sans issue dans certains parcours utilisateurs et de partager le tout avec l’équipe. Certains préféreront des post-it affichés aux murs. Ici comme dans toutes les formes de prototypages primaires, il est important d’utiliser les outils avec lesquels vous êtes les plus à l’aise pour éviter de perdre du temps
  • Balsamiq, PowerPoint : comme c’est un outil que j’utilise au quotidien, je privilégie PowerPoint. Dans les deux cas, ce type d’outil permet d’avoir une formalisation un peu plus avancée et qui permet donc de présenter le prototype à un cercle élargi. Leur utilisation est donc recommandée à un stade plus avancé que les post-it par exemple
  • Des storyboards : une fois les bases fonctionnelles et certains parcours approuvés, il est temps de les mettre en musique et de voir comment ils interagissent entre eux et avec l’utilisateur. Il faut donc commencer à “animer” les maquettes afin de voir comment elles s’enchaînent. Il est très important de créer des scénarios, n’oubliez jamais que le Design Thinking est une approche centrée sur l’humain.
  • Un teaser vidéo : dans la continuité des storyboards, vous pouvez réaliser une vidéo plus ou moins professionnelle selon son usage. De plus en plus de campagnes de crowdfunding qui ont atteint leurs objectifs (voire des records) utilisent la vidéo car elle permet au spectateur d’être mis en situation avec le produit même.

L’implémentation

La dernière étape du processus doit vous permettre d’amener votre produit ou service du prototype sur le marché. Il est indispensable pour conserver l’approche exploratoire d’avancer pas à pas. Cela peut-être en lançant une fonctionnalité à la fois ou par segment d’utilisateurs. Et à chaque pas il faudra tester, mesurer et adapter. Ça vous rappelle le Lean Startup? C’est normal. Il s’agit globalement d’un principe de management de l’innovation qui est donc emprunté par plusieurs méthodologies.
Et comme pour le Lean Startup, plusieurs méthodes sont possibles pour déployer progressivement le produit :

  • Développez un Minimum Viable Product : celui-ci doit être constitué de votre fonctionnalité clé, celle qui apportera le plus de valeur ajouté à votre produit, notamment relativement au temps passée à la développer. Si cette fonctionnalité nécessite un temps trop important de développement, regardez si vous ne pouvez pas la découper en micro-fonctionnalités
  • Créez une communauté de bêta-testeurs : afin de récolter des premiers retours qualitatifs sans dévoiler au “monde” un produit encore trop perfectionnable, appuyez-vous sur des bêta-testeurs
  • Utilisez l’A/B testing : si vous hésitez encore sur quelques scenarios, l’A/B testing est une bonne solution pour vous apporter des données quantitatives. Il est notamment utile pour l’amélioration continue du produit, pour le peaufiner ou pour vous pointer certaines incohérences qui seraient passées entre les mailles du filet

Désirabilité, viabilité, faisailité

Bien que le Design Thinking soit un processus exploratoire il lui faut des limites, un cadre. Il ne peut pas y avoir de Design sans contraintes. Pour arriver au bout du processus, chaque idée va donc devoir respecter 3 critères de validité :

critèresDT

Avant de vous lancer dans le grand bain, il va donc vous falloir hiérarchiser les différentes contraintes et établir un schéma d’évaluation. L’art de votre équipe résidera par la suite à assurer un équilibre harmonieux de l’idée entre ces 3 critères.

Je concluerai cette synthèse avec une citation de Peter Drucker : “Le travail du designer est de convertir un besoin en demande