Sandrine Hilaire Marmillod : une experte en droit des TIC

Sandrine  est avocate spécialisée en TIC et Correspondante Informatique et Libertés. Elle est également associée fondatrice du cabinet SAINT GERMAIN – AVOCAT ET CONSEIL. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur son métier et ses spécificités.

GIW : Pourrais tu résumer ton parcours en quelques mots et nous expliquer comment tu en es arrivée à travailler dans l’univers d’internet (/ du numérique / des nouvelles technologies)
Sandrine : J’ai eu la formidable opportunité de pouvoir être étudiante en droit à la prestigieuse LONDON SCHOOL OF ECONOMICS à Londres. J’y ai suivi un cours en « IT and Law » (NTIC et droit) et j’avoue que j’ai trouvé cela passionnant. A cette époque, la matière était nouvelle et les interrogations nombreuses. J’y ai trouvé une stimulation intellectuelle jamais égalée depuis. En rentrant en France, il était donc logique pour moi de me spécialiser dans cette matière. Un choix presque naturel même je dirais.Et puis j’ai un côté geekette que je ne renie pas!
GIW : En quoi consiste ton poste/métier/fonction ?
Sandrine : Je suis avocate avant tout. A ce titre, je suis amenée à travailler sur différentes problématiques liées au droit. Ma spécialisation en droit de l’Internet me conduit il est vrai à travailler sur des cas liés à l’existence du réseau Internet. Je dirais que ma fonction se décline en trois points :
#1 Une fonction de conseil où je travaille beaucoup plus en amont et où j’apporte des réponses juridiques à des problèmes liés à une stratégie, une action ou une présence sur le Web.
#2 Une fonction d’avocate où j’interviens beaucoup plus en aval, en matière contentieuse, et où j’assiste ou représente mes clients devant les Tribunaux ou des instances arbitrales comme le Centre de Médiation et d’Arbitrage de l’Office Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI – WIPO).
#3 Une fonction Correspondante Informatique et Libertés où j’audite les procédures de traitement des données personnelles de mes clients et où j’opère à une mise en conformité avec la loi Informatique et Libertés.
GIW : Quels sont tes clients (typologie) et quelles solutions /prestations leur apportes tu ?
Sandrine : Mes clients sont tout type d’acteurs du Web, des entreprises qui ont une forte activité sur le Web mais pas seulement.
Pour ces premières, je suis amenée à intervenir sur un nombre varié de cas : problématiques liées aux noms de domaine, contrefaçon de marques ou de droit d’auteur, information et solutions pour des activités de e-commerce, mise en place d’actions en e-réputation pour ne citer que cela. J’ai aussi des entreprises ou institutionnels pour lesquels j’interviens comme Correspondant Informatique et Libertés. Dans ce dernier cas, je mets en place des procédures ou des formations visant à la mise en conformité de leur traitement de données personnelles avec la loi Informatique et Libertés.
GIW : Comment perçois tu les prochains mois / années dans ton secteur d’activité? (par rapport au web / numérique)
Sandrine : Il faut admettre que le droit est une matière en perpétuelle mutation et je pense que le droit de l’Internet est appelé à évoluer et à prendre une place grandissante dans le corpus législatifAujourd’hui, Internet n’est plus seulement considéré comme une technologie mais comme un espace de vie. A ce titre, le droit appréhende de plus en plus ce que j’appelle les “phénomènes” du Web. Le vote de la loi HADOPI, certaines dispositions de la loi LOPPSI tendent à le démontrer.
GIW : Une anecdote insolite / drole / ubuesque
Sandrine : Je suis aussi Correspondante Informatique et Libertés. En abrégé, cela donne CIL. Un client, l’air perplexe à l’énoncé de cette abréviation, m’a demandé si j’étais aussi représentante en faux-cils ou en mascara. Depuis, je m’attache à l’énoncer en entier ce qui évite que lorsque je l’explique, le client soit mal à l’aise. Les gens n’aiment pas passer pour des abrutis et on les comprend. On a toujours tendance à penser que ce qui est évident pour soi l’est pour les autres. Ce qui est rarement le cas en fait.
GIW : Gères tu ton identité numérique (personal branding) et si oui comment?
Sandrine : Je suis avocate et en tant que telle, je suis soumise à des règles déontologiques très strictes. Il m’est par exemple interdit de faire de la publicité sauf si cela vise à informer le public. La notion est donc très floue. Toutes opérations qui auraient trop la saveur de “réclame” ou de “promotion” me sont strictement interdites. De plus, dans mon métier, ce que l’on apelle l’”intuiti personae” est très important. Les clients viennent plus voir tel ou tel avocat, plutôt que tel ou tel cabinet. J’essaie d’abord de travailler sur mon nom et mes compétences. Le développement de mon cabinet en tant que “marque” viendra natuellement par la suite. Je pense sérieusement que dans mon métier, c’est l’avocat qui fait la notoriété du cabinet et pas l’inverse.
Pour la gestion de mon identité numérique, j’utilise principalement les réseaux sociaux.
GIW : Utilises tu les medias sociaux (twitter, blog, facebook etc.) pour networker et/ou pour faire de la veille sur ton secteur? Si non, comment fais tu ta veille et ton networking?
Sandrine : J’ai un compte Facebook et un compte Twitter que j’alimente très souvent avec des articles liées au droit de l’Internet mais cela prend du temps. Je n’ai malheureusement pas le temps d’avoir un blog mais je travaille actuellement sur un site. Le souci est que je n’aime pas les chose trop statiques. J’essaie donc de réfléchir sur la conception d’un site qui serait interactif mais sans que cela ne prenne trop de temps. Je suis également présente sur des réseaux sociaux comme LinkedIn ou Viadeo mais je n’interagis pas avec comme je le fais avec Facebook ou Twitter. Forcément.
GIW : Comment perçois tu la place accordée aux femmes dans ton secteur? Toi meme as tu du faire tes preuves ou est ce que ton evolution s’est toujours bien passée?
Sandrine : La question qui tue (rires)! Je suis une femme métisse installée en Province. Cela fait beaucoup (rires)! Mais je m’accroche. Je crois en ce que je fais et j’estime que lorsque l’on travaille sur les problématiques liéés au droit de l’Internet, le fait de ne pas être à Paris n’est important. J’ai des clients sur Paris avec qui je collabore très bien. Il m’est arrivé une fois qu’un client me retire un dossier parce qu’il avait constaté qu’il serait obligé de travailler avec une femme en travaillant avec mon cabinet. Fort heureusement, cela est rare. Cela ne veut pas dire que les préjugés n’existent pas. Le fait d’être une femme interroge encore trop souvent sur le degré de compétence. Mais, je crois sérieusement que si la compétence et le sérieux sont démontrés, le rapport de confiance peut s’établir durablement. Je l’ai souvent expérimenté.

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