Un peu de recul sur les outils que l’on utilise tous les jours. Un temps suspendu pour mieux regarder et comprendre ce qui fait le succès des réseaux sociaux et d’un en particulier : Twitter. Merci à Nathalie, alias Catnatt sur la toile, pour cet article intelligent et pertinent publié initialement sur izine
Je m’en vais ré-expliquer twitter (‘gazouiller’) en quelques phrases : un genre de facebook simplifié à l’extrême, pas de photos, juste un statut limité à 140 caractères visible sur ce qu’on appelle une timeline, à savoir vous et les gens que vous suivez. Point. Cela fait partie de ce qu’on appelle « les réseaux sociaux ». Mais ce n’est pas le but, assez vain en somme, de vous expliquer ce qu’est Twitter, qui m’amène à vous écrire ces quelques lignes. C’est ce que cela représente. Nous vivons dans une société où l’on se targue de communiquer. Où l’on se fait croire que l’on communique. Ou l’on ne parle en définitive que de soi.
Twitter est, néanmoins, la plateforme la moins faux-cul dans ce domaine, celui de la promotion de l’individu : «Regardez à quel point, je suis intelligent, drôle, con, à quel point j’ai des amis, à quel point, je suis épanoui ou désespéré»… «À quel point, je suis».
Oui, Twitter c’est le moins faux-cul, car ça ne prétend pas être autre chose que du « cui-cui ». Des gazouillis. Profondeur niveau zéro au-dessous de la mer. Mise en scène au top. Immédiateté. Célébrité. Oubli. Warhol s’était trompé. L’humanité n’a pas eu droit à ses quinze minutes. Beaucoup trop long, il était trop ambitieux. C’est à peine 30 secondes, le temps d’écrire un tweet.
Je crois que Twitter est, pour l’instant, l’expression ultime et pervertie de ce qui fait tourner le monde depuis toujours. Ça n’a jamais été l’argent. Ça n’a jamais été le cul, car ces deux-là ne sont que des manifestations d’un phénomène. Ce qui fait tourner cette foutue planète, les humains, c’est le manque d’amour. Nous vivons dans une société où la Pyramide des Besoins de Maslow est satisfaite, à peu près, au niveau 3. Reste l’appartenance. Reste l’estime. Ce n’est pas pour rien qu’en occident, les réseaux sociaux explosent. Que ce soit virtuel ou pas. On appartient forcément à un groupe sur Twitter. Et si l’on est retwitté (RT), nous obtenons un genre d’estime revue à la baisse, au moins la reconnaissance des autres. Y compris des gens que l’on ne connaît pas, ce qui est moins évident sur facebook.
Il faudrait pour tout ça que la promotion de l’individu ait du sens. Un développement durable humain. Il faudrait que chacun se responsabilise de façon à ce que si l’on communique sur Twitter en parlant de soi, cela se rattache à un but plus global. Pas forcément systématiquement. Mais que l’on ne perde jamais ça de vue. Que l’on ait envie d’apporter quelque chose à l’autre. Que l’on obtienne la satisfaction des besoins sociaux et l’estime des autres en contribuant au bien-être de l’humanité. Je caricature, mais il y a de ça.
Le manque d’amour fait tourner le monde depuis toujours. Ce n’est pas un chant d’oiseau qui va venir le combler. C’est juste qu’en se penchant vraiment sur ce que représente Twitter, nous pouvons toucher du doigt que nous nous trompons de voie. En occident, nous avons la chance d’avoir le temps, l’énergie, pour nous poser ce genre de questions. Après avoir accompli des prodiges, une société où il fait bon vivre, nous avons cru qu’il était temps de se pencher sur soi. Résultat ? Nous reculons. La société se redivise. L’accomplissement personnel ne peut se faire qu’en restant connecté aux autres. Ou plutôt en restant connecté à l’accomplissement personnel de l’autre.
Twitter n’est que la caricature de ce qui se joue actuellement. Alors, à ce compte-là, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout du raisonnement ? Imaginons que tout se fasse en 140 caractères. La vie en 140 caractères. On se parlerait dans la vie comme sur Twitter. Vite. De temps en temps, comme un accident, une vraie conversation naîtrait. Mais la plupart du temps, ce serait juste de la pub et de la connerie. On écouterait à moitié ce que l’autre nous raconte. Ou on ferait semblant de pas avoir lu ou écouté. On ferait le ménage dans sa vie comme dans sa timeline, virant des gens dont on se fout éperdument. Mais la plupart du temps, on les garderait car ils nous suivent… Et surtout on ne prendrait pas le risque de perdre des signes extérieurs de popularité.
Quelquefois, on apprendrait vraiment quelque chose. Mais la plupart du temps, tout cela serait vide de sens. Sauf qu’on le saurait.
Je ne suis pas sûre au final que tout ça serait si malsain. Ce serait probablement plus proche de notre réalité actuelle qu’on ne le pense. C’est peut-être ça qui serait effrayant.
(Crédit image webactus.net)
5 réponses
Excellent billet, merci !
Salut. Bon je comprends ton point de vue…Mais je suis sur Twitter depuis le début ou presque et bien que je n’y sois pas tous les jours : 1/ on ne m’oublie pas 2/ Grâce à Twitter j’ai rencontré des personnes avec qui j’ai de vraies et profondes relations 3/ Grâce à Twitter je m’intéresse à des gens. Je ne suis pas sur Twitter uniquement pour émettre mais aussi bcp pour recevoir, découvrir et franchement le but est atteint. Enormément de filles de GIW se sont rencontrés sur/par Twitter.
Je me souviens aussi comment j’ai rencontré Hédia à la pause clope car on s’était rendue compte que dans notre GROSSE entreprise on était les deux qui twittaient…Bref, Twitter ça créé des liens, des ponts, des échanges qui commencent en 140 caractères et ne cessent ensuite de se développer…
@Lucile : l’un n’empêche pas l’autre a priori et il faut reconnaitre que la majorité des twittos racontent n’importe quoiun peu juste pour se valoriser:avoir une consistance, ou au contraire racontent des choses plus ou moins intéressantes AUSSI pour SE valoriser. Moi jeles ai quasi tous défollowés ces inutiles qui racontent leur vie (dont personnellemebnt je me tape royalement). La plupart des gens que j’ai “rencontrés” via twitter sont devenues de vraies relations après une rencontre IRL. ca ne suffit pas twitter 🙂
Je comprends le point de vue de Lucile 🙂
Mais je crois pas que ca soit la majorité des habitants de cette planète bleue lol!
J’entrevois le net comme une plateforme d’échange avec des humains. Pas des avatars.
Je n’aurais jamais connu Célina sans le web, twitter. Il y a de tres belles rencontres. Je renvoie à celle que j’ai eue avec Olivier qu’on a écrit à quatre mains 🙂
Maitenant, je ne me leurre pas : pour une personne rencontrée, 300 avatars dont on se fout.
J’aime twitter car il me permet de diffuser des infos qui me tiennent à coeur. J’essaye de faire une balance entre des anecdotes persos rigolotes, mes billets, de l’info et du fun pour faire digérer tout ça :p