Kristen Davis
Lors du Women’s Forum, nous avons eu l’occasion de retrouver Kristen, DSI du International New York Times. Issue d’un parcours “non-traditionnel”, elle nous a expliqué comment sans background technique, elle est arrivée à ce poste.
Nous lui avons aussi demandé qui était selon elle, le/la DSI du futur et quels sont ces prochains projets. Bref, Kristen a accepté de se livrer à nous / à vous !

Comment es-tu devenu DSI au International New York Times ?

Je n’ai pas eu un parcours très traditionnel. Quand j’ai démarré au International Herald Tribune (le journal s’appelait ainsi à cette époque-là), j’ai récupéré un plateau des systèmes qui ne répondait pas à nos besoins business.
Alors je suis allée voir l’équipe informatique pour voir avec eux comment on pouvait le faire évoluer.
Je travaillais dans la diffusion de la presse (côté business) et j’ai revu tous les systèmes informatiques (et même téléphoniques) qu’on utilisait. J’ai ainsi montré comment nous pouvions faire évoluer le système côté business.

Comment as-tu été accueillie par le service informatique ?
Au début, la DSI disait que je ne comprenais rien à son système. Alors j’ai passé beaucoup de temps à apprendre ce système. J’ai donc pu parler le langage de l’équipe et j’ai ainsi gagné leur confiance et leur curiosité. Ils savaient que pour que le système ait un avenir, il fallait que celui-ci réponde au business. Mais l’équipe informatique avait du mal à comprendre les évolutions du business. Je suis donc devenue un pont entre le business et l’informatique.

Donc tu n’as pas de background technique ?
J’ai appris sur le terrain.
En fait, mon père était plombier-électricien. Donc j’ai toujours beaucoup bricolé.
En un sens, c’est ce que j’ai commencé à faire avec l’informatique.
Même si l’informatique est très vaste, c’est toujours des choses logiques. Et je suis quelqu’un de logique !
En connaissant et en comprenant les complexités, les challenges et les opportunités du business, je suis devenue un peu une “Mac Gyver” au côté du service informatique.

Tu travailles avec des équipes partout dans le monde. Comment gères-tu efficacement tes équipes à distance ?
Je travaille avec des équipes qui gèrent des sujets différents : l’infrastructure, la sécurité ou encore le support utilisateur. Chaque équipe gère sa région. Mais on travaille aussi en collaboration.
Selon moi il y a deux choses importantes :
communiquer de façon clair : donner aux gens la visibilité et les informations nécessaires à l’accomplissement de leur mission.
Mais il faut aussi être à l’écoute ! Je ne sais pas comment ça se passe quotidiennement pour mes équipes. Alors j’ai besoin de leurs feedbacks.
C’est un vrai “aller-retour”.
Pour cela on utilise tous les moyens qui sont à notre disposition : mail, sms, vidéo conférences, chat, etc.

Ce n’est pas ta première année au Women’s Forum. Pourquoi viens-tu chaque année ?
En effet c’est la 3ème année que je suis là.
J’aime l’international, j’aime le monde, je suis curieuse. Et ici il y a beaucoup de pays représentés ! C’est très intéressant d’entendre et de voir ce qui se passe sur les autres continents et dans les autres pays.
Je trouve aussi qu’ici, il y a beaucoup de barrières qui tombent. C’est un environnement très ouvert, très axé sur le partage. C’est beaucoup plus facile pour faire des rencontres que dans d’autres conférences informatiques et c’est très enrichissant.

A propos de rencontres, as-tu des réseaux à nous conseiller ?
Je fais partie de plusieurs communautés (de plus ou moins loin) via mon travail. Je n’ai pas un réseau particulier à conseiller. Je pense qu’il faut utiliser tous les réseaux et ne pas avoir peur de les tester pour trouver celui qui nous convient.
Ce n’est pas parce qu’un réseau nous convient à un moment T de notre vie qu’il nous conviendra toujours.

C’est quoi le/la DSI du futur ?
Le métier de DSI est très diversifié. Aujourd’hui il travaille sur le big data, la sécurité, l’infra-réseau, etc. Chaque partie est liée au business.
Alors pour moi le DSI du futur, c’est quelqu’un qui comprend le métier business et qui n’est pas juste expert dans son domaine technique. Pour être un bon DSI, il faut comprendre tous les enjeux du business. Même si on a un background technique, il faut s’intéresser à ce que font nos collègues du côté business. En passant une journée avec eux par exemple pour se mettre dans le bain et comprendre leurs besoins. Cela permettra de faire sortir les problématiques de demain.

Quels sont tes prochains challenges ?
Je ne sais pas si c’est un challenge, mais l’accès aux technologies (internet, téléphone mobile, etc.) pour les femmes est un sujet qui m’intéresse beaucoup.
On parle de « pay gap » (différence dans les salaires) mais pour moi il y a aussi un “technology gap”. Il y a aujourd’hui un énorme décalage à ce niveau-là dans le monde.
Etant donné que les technologies font désormais parties intégrantes de nos vies, il me semble primordial que les femmes y aient accès pour qu’elles puissent continuer de s’impliquer dans l’éducation, la société, la culture, la santé, ou même les législations.
Et au-delà de la question du nombre de femmes dans le milieu des technologies, on doit aussi se demander comment les garder. Il y a aujourd’hui beaucoup de femmes qui démarrent dans le milieu mais qui finissent par le quitter au bout de 10 ou 12 ans.

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