Startup Weekend Lyon, 54h au coeur d'une équipe

Dépêchée sous la casquette des Girlz In Web, j’ai débarqué ce vendredi 18 février 2011 à l’École de Commerce 3A où débutait le Startup Weekend, première édition organisée à Lyon.

Lancement et orientation journalistique

Dès la présentation des 37 projets dans l’amphithéâtre, les esprits se sont très vite emballés : il fallait convaincre vite (1 minute) pour se faire préselectionner et ainsi avoir la chance de continuer l’aventure jusqu’au dimanche soir. Les 14 projets retenus ont ensuite eu quelques minutes pour recruter les profils manquants à leur équipe : développeurs, graphistes, commerciaux, etc.

Pendant la première heure de présentation et de recrutement, je croisais plusieurs personnes avec qui le courant passait bien : une sympathique graphiste, deux développeurs Ruby on Rails et un commercial photographe amateur. Le hasard faisant bien les choses quand on le pousse un peu, toutes ces personnes se sont retrouvées dans l’équipe de Willy Braun, pitcheur émerite pour le projet n°27 : Campinambulle.
À l’origine, je pensais couvrir le Startup Weekend Lyon en photographiant et en discutant avec quelques entrepreneurs mais la fièvre du weekend m’a très vite rattrapée. En effet, quoi de mieux que de vivre de l’intérieur en suivant une équipe pendant les 54h ?
Mon choix s’est porté très vite sur le projet Campinambulle pour plusieurs raisons :

  • C’était le seul projet à ne pas être à 100% porté sur Internet puisqu’il est basé au départ sur un objet ‘réel’ en bois,
  • Le fait que le projet soit leadé par une femme, Monique Guillon, et que Sophie, la graphiste précédemment croisée, s’y soit associé, me paraissait être la meilleure opportunité pour garder en tête l’axe de reportage Girlz in Web (très peu de femmes dans la foule),
  • La présence de la team Ruby on Rails, une techno open-source dont j’avais tout à découvrir.

Ce weekend fut donc l’occasion d’aborder plusieurs problématiques intéressantes en discutant avec les 10 membres de l’équipe.

Campinambulle, un projet concret à la recherche de compétences

Contrairement aux autres projets retenus et qui portaient leur idée uniquement sur Internet (réseaux sociaux, géolocalisation, navigateur, etc), le projet de Monique Guillon est bien ancré dans le réel puisqu’il consiste à agencer les coffres des véhicules tels que les Kangoo, ludospaces et autres monospaces en y installant des blocs ingénieux. Son mari Patrick Mateos, maître ébéniste, assure la conception du produit.

Monique me confie que leur idée est née par la frustration face aux prix exorbitants qu’ils ont rencontré en tant que campeurs, notamment en payant bien trop cher une bouteille d’eau fraîche. Ils se sont alors demandé « Pourquoi ne pas être indépendants ? Pourquoi ne pas emmener un réfrigérateur avec nous ? »
Ils en ont donc acheté un, et « forcément, il a fallu concevoir un caisson qui le protége. Nous avions toujours nos caisses pliables pour transporter l’épicerie, la vaisselle, le linge, etc. Le bazar à l’arrière du véhicule commençait vraiment à nous peser et puisque c’est notre métier d’agencer, nous avons donc organisé des placards de rangement. D’année en année, ça s’est étoffé en quatre compartiments solidaires les uns des autres. Maintenant nous avons même la couchette pour pouvoir dormir« .
La venue de Monique et Mateos est un hasard de dernière minute. De passage sur Lyon au salon Eurobois en recherche de prestataires et d’idées pour développer leur produit, leur fils Sylvère leur propose de soumettre leur idée d’entreprise au Startup Weekend. C’est le début d’une immersion totale dans de nouveaux vocabulaires, tantôt marketing, tantôt technique. D’une réponse à un besoin personnel – emmener leur cuisine et choisir leur salle à manger -, ils se rendent rapidement compte de l’énorme potentiel de leur produit grâce au recul des personnes qui se sont greffées à leur projet : cette autonomie et cette simplicité peuvent aussi répondre aux attentes des professionnels (VRP, photographes) et des particuliers (sportifs, famille, étudiants).
Désormais, tout s’articulera autour de ce constat : le site Internet proposera plusieurs entrées suivant le profil du visiteur et affichera des produits dédiés à l’utilisation de chacun, le marketing s’adaptera pour chacune des cibles, aux habitudes différentes. Le Startup Weekend ne fait que commencer mais le plus important est fait : le projet Campinambulle passe à la vitesse supérieure grâce aux compétences de chacun.
Pour ma part, tout en étant les yeux et les oreilles de l’équipe, je n’ai pas pu m’empêcher de les seconder activement (on ne peut pas taire sa nature entreprenante!) : shooting photo, intégration HTML/CSS de la charte graphique, réalisation d’une petite vidéo qui sera utilisée pour leur site Internet. Et au-delà du support technique, mon ‘unique’ expérience en tant que chef d’entreprise trouvait un écho chez Campinambulle : que de temps gagné quand on a déjà rencontré les problématiques d’une startup!

La startup, un modèle d’entreprise où la femme a aussi sa place


Jean-Michel Garnier, développeur Ruby on Rails, a rejoint l’équipe de Campinambulle dans le but de nous « évangéliser » avec la méthode Agile. Il a notamment mis en place le système des pomodori afin d’optimiser le temps passé sur chaque tâche. En plus de son don pour coordonner les plannings et nous arrêter en plein milieu d’une conversation (pour la bonne cause!), il a déjà connu plusieurs fois l’expérience des startups. Nous en discutons lors du déjeuner de samedi.
Le terme startup a tout d’abord « une connotation très forte qui est sur Internet« , associée à « la notion de capital-risque« , où des investisseurs misent sur une idée. Ce sont alors « les gens ayant les cordons de la bourse qui décident, et ce ne sont pas forcément les mêmes intérêts » que les développeurs ayant eu l’idée initiale. « J’ai déjà vécu ça en Espagne, tu as des conflits d’intérêt entre celui qui a les sous et celui qui veut le faire. Ce n’est pas forcément un gage de réussite ».
Par startup, il y a également la notion d’innovation : « Google a été une startup dans son garage. Ce sont des gens passionnés qui ont une très bonne idée, qui savent aussi s’acharner – parce que je pense qu’il faut s’acharner pour réussir – qui réussissent à contaminer d’autres gens passionnés, et qui ensemble aboutissent à quelque chose« .
A contrario, aux États-Unis, « le seul secteur où ils restent en avance dans l’innovation, ça reste l’informatique, ça reste les startups« . C’est alors qu’il me parle d’une startup américaine, qui a tout de suite titillé mes valeurs en tant que chef d’entreprise : Hash Rocket.
« Dans mon microcosme qu’est Ruby on Rails, c’est une entreprise qui a été créée il y a deux ou trois ans. Ils sont une trentaine maintenant, et cette société est vraiment une référence. Ce sont des personnes brillantes : ils lancent une application en trois semaines, des groupies les suivent à chaque fois qu’ils vont à des conférences. Ça a été fondé par un groupe de personne, dont un couple : le mec s’appelle Obie Fernandez, il vient de lâcher l’affaire pour se lancer dans sa propre startup et il a laissé les rennes sans aucune crainte à sa femme, Desi McAdam. C’est elle qui fait la partie commerciale et elle a la particularité d’être également une geek. Je l’ai déjà rencontré, c’est une vrai développeuse, tu peux parler technique avec elle. C’est une manageuse, développeuse, entrepreneure, bref une crack. »
Tout en restant une petite structure, « ils excellent dans toutes les compétences nécessaires pour créer une startup, que ça soit d’un point de vue design, marketing, développement ou les méthodes Agile. Par exemple, ils ne travaillent qu’en pair-programming, c’est à dire deux personnes derrière un ordinateur. Ils sont vraiment à la pointe de l’innovation« .
Et effectivement, après consultation de leur site Internet, j’avoue me reconnaitre totalement dans leurs valeurs d’entreprise : « Nous pensons que nous sommes spéciaux de part la manière dont nous traitons nos clients ainsi que les uns avec les autres, et cette façon d’être est fondée sur des valeurs qui sont perceptibles au fil du temps, après analyse de nos résultats et de nos relations personnelles« .
Hash Rocket, un modèle ? En tout cas une initiative qui a de quoi inspirer dans un milieu où la compétition commerciale prend trop souvent le pas sur le respect d’une charte de travail de qualité et où finalement peu de femmes occupent un poste de développeuse ou même d’intégratrice. Et je ne suis pas la seule à le constater. Pierre-Alexandre Piarulli, notre second développeur Ruby, a déjà apprécié le bienfait d’équipes équilibrées, entre autre dans le milieu du développement :
« J’ai bossé dans différents environnements et je trouve que dans une équipe où il n’y a que des mecs, l’ambiance est radicalement différente : c’est beaucoup plus lourd. Quand tu as des présences féminines, l’ambiance change tout de suite et on est plus détendus, sereins. J’aurais même tendance à dire qu’on travaille mieux. Je l’ai vu dans des équipes : s’il y avait plus de nanas dans la team ça fonctionnait mieux. Les gens finalement vivent mieux et je pense que du coup ils produisent mieux. »
Même si le domaine du développement est encore aujourd’hui très stéréotypé (nerd barbu et ventre à bière vêtu d’un t-shirt noir, n’est-ce pas ?), les femmes devraient savoir qu’elles peuvent y trouver leur place :
« On est dans une culture latine où la place de la femme ou même l’éducation de la femme n’est pas sur un pied d’égalité, donc c’est avant tout une question de confiance en soi. Si une nana est curieuse et qu’elle a confiance en elle, elle peut faire la même chose qu’un mec. Justement, dans l’informatique, du fait qu’elles sont rares, elles ont un avantage parce que les mecs sont très présents pour elles et expliquent beaucoup de choses en général. » Et de conclure qu’elles doivent tout simplement « se dire « Ouai je peux le faire » et s’impliquer« .
Une startup peut donc être une structure humaine et innovante, où les femmes ont leur place même dans les plus hautes sphères, loin du cliché de l’entreprise masculine montée rapidement et uniquement pour le profit.
Campinambulle n’est pas vraiment une startup puisque le web est un des moyens de communication utilisé pour présenter et vendre leur produit. Mais à n’en pas douter, notre équipe fonctionne à la manière de : nous apportons tous le meilleur de notre savoir-faire dans un formidable élan commun, une dynamique courte (54h) où toutes les compétences se rejoignent autour d’un même projet.

Startup Weekend, un goût de reviens-y


Cette synergie des cerveaux, Sophie Bai, la graphiste de notre équipe, l’a déjà connu et m’en parle dimanche soir en attendant la délibération du jury :
« J’ai déjà participé au Startup Weekend de Toulouse, organisé par Willy. J’ai également participé à un autre weekend du même type, BeMyApp, spécialisé dans les applications Iphone, organisé par John Karp il y a 15 jours à Paris. Cette fois-ci, ce qui m’a fait venir, ce n’est pas « Tiens, je vais voir ce que ça vaut », c’est « J’ai bien aimé, j’ai envie de le refaire ». C’est toujours une bonne expérience de s’adapter en très très peu de temps à une nouvelle équipe, des gens qu’on ne connait absolument pas et de devoir apprendre le vocabulaire des uns et des autres tout en avançant vite sur le projet. »
Je lui demande alors son impression sur le Startup Weekend Lyon :
« J’ai trouvé l’équipe très performante. Nous étions une équipe de professionnels, des personnes qui travaillent et qui savent ce que c’est de travailler. Du coup, le projet a beaucoup avancé, était abouti. Et surtout, il y avait vraiment une concordance des esprits, les idées fusaient, et pour autant chacun acceptait les idées des uns et des autres. À partir d’une idée, nous en avons fait quelque chose de grand. »
Grand et généreux. Les yeux de Monique ont brillé maintes fois devant notre dévouement et notre enthousiasme. Et même si nous ne finissons pas sur le podium à l’issue du Startup Weekend, notre collaboration lui permet de gagner un mois de travail sur son planning prévisionnel.
Dimanche, 22h, nous nous séparons avec un petit pincement au coeur : l’aventure était tellement belle que nous avons tous en tête de la poursuivre d’une manière ou d’une autre. Par mails et pourquoi pas jusqu’au lancement concret de l’entreprise? Car la petite startup deviendra grande, forte de l’énergie dégagée par nos 10 personnalités durant ces 54h.

En aparté

Le projet gagnant du Startup Weekend Lyon fut Artistoon, ou le Montmartre du Web. Le site officiel du Startup Weekend relate leur aventure du weekend.
Dans le rayon « chez les Girlz In Web, on aime les startups », Sophie Masure nous racontait sa propre expérience au Startup Weekend Paris d’octobre 2010.

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