La fin du Web (Episode 2)

La fin du Web (Episode 2)

Billet original lu sur electronlibre.info, par Emmanuel Torregano

Résumé de l’épisode précédent. Le Web tel que nous le connaissons dans sa forme la plus répandue n’a été que le tombeau des ambitieux. Fort heureusement, tout change. Le réseau est en pleine mutation, et le couple URL/navigateur est tout proche enfin de marquer le pas, dépassé par des idées plus en avance, plus rentables aussi peut-être.

Le décor planté, avançons sûrement sur les traces de ces nouveaux objets virtuels. Pour donner une idée simple et concrète de cette mutation des paradigmes du virtuel, il suffit de se pencher sur l’utilisation ordinaire d’un appareil mobile de type iPhone. L’accès à des services en ligne, soit la consommation des “data”, ne se fait désormais plus en majorité par le navigateur, qui s’avère peu évident, voire encombrant, mais via des“applicatifs” spécifiques connectés au réseau. Pour les puristes, disons le tout de suite, c’est la fin du surf. Glisser d’un site à un autre, par un lien judicieusement placé devrait devenir une pratique moins courante, voire complètement dépassée. L’accès à un site n’étant plus seulement une question de “lien hypertexte”mais plutôt le fruit d’un processus de recommandations sociales ou affinitaires – nous expliquerons un peu plus loin ce que cela signifie dans l’univers du “Digital-Me”.

Twitter, à suivre

En cela, les sites comme Facebook, ou surtout Del.icio.us ont été des pionniers, qui ont su parfaitement déblayer le terrain, certes, et permis l’installation de quelques fondations nécessaires à ces nouveaux comportements. Néanmoins, le passage au “Digital-me” implique la prise du pouvoir par de nouveaux outils, comme Twitter, par exemple, ou encore la version mobile de Facebook, ou d’autres, basés sur la géo-localisation. On penchera toutefois en faveur de la plate-forme de micro-blogging. Elle est sans doute bien plus à même de réorganiser à son profit ce nouvel espace, où le surf disparaît pour laisser place au“picorage”.
Twitter présente en effet l’intérêt indéniable pour le sujet qui nous intéresse d’être un service plus efficace en tant qu’applicatif que dans sa version Web. Ce qui n’est pas encore le cas de Facebook, dont les raffinements du site n’ont pas encore vraiment d’équivalents sur Facebook mobile. Sans parler des autres outils du Web 2.0, tels que Dailymotion ou YouTube, qui tardent encore à saisir l’opportunité du “Digital-me”. Aujourd’hui, l’application YouTube sur iPhone n’est qu’un bon “reader”, incapable de laisser l’utilisateur gérer son compte. Cela pourrait toutefois changer bientôt, avec la prochaine version sur iPhone OS 3.0, dont la vidéo sous toutes ses formes sera un atout. Sans oublier les travaux de Google sur son système d’exploitation Android, qui met en avant justement les fonctionnalités de partage du site de vidéo.
Nous n’allons pas énumérer toutes les applications qui sont nées sur l’AppStore et qui dès maintenant proposent sous un mode “presse bouton” une consommation nouvelle du réseau. Sauf à dire que leur généralisation sur ces plates-formes mobiles connectées fait chaque jour reculer l’importance du navigateur et de son corollaire, le site Web. Et c’est tant mieux.
Dans le Digital-Me en effet, l’important n’est plus d’avoir une fenêtre sur le Web mais de posséder un panel de services bien à soi – mon choix d’applicatifs, et leur manière de les organiser n’appartient qu’à moi, et il est donc différent du votre. A partir de là, le courant s’inverse. L’information – la data – n’est plus organisée dans un mouvement network-centric, mais devient user/device-centric. L’utilisateur ne va plus chercher les informations, elles viennent à lui, et il en prend connaissance via des vecteurs personnifiés – qu’il a choisi en connaissance de cause. Ce paradigme n’est pas une nouveauté. L’idée d’un “Push”informationnel, plutôt que le “Pull” actuel, est né dès les premiers temps du réseau, mais sans vraiment s’incarner dans un service à succès. Désormais, cela semble possible. Et surtout, accessible au grand public, avec, cerise sur le gâteau, son assentiment à payer pour en profiter. Une promesse d’un avenir différent pour les entrepreneurs qui en saisiraient l’opportunité, mais aussi un crève-coeur pour ceux qui voient dans cette évolution une “minitélisation” du Net.

Google inversé

L’inversion des flux pose cependant un certain nombre de problèmes majeurs. Le premier est évidemment la place du moteur de recherche. Dans le Digital-Me, Google n’a plus le rôle central qui est le sien sur le Web. Car, ce dont l’utilisateur est à la recherche, il va non plus aller le trouver sur le Web, mais sur d’autres profils avec lesquels il est relié dans le “Digital-Me” – d’où toute l’importance des processus de recommandations inter-personnels. Google en tant que portail de recherche serait alors voué à disparaître pour être remplacer dans les faits par une simple brique logiciel totalement transparente. C’est aussi ce qui est en train de se passer à une autre échelle pour les navigateurs internet dont le code est désormais au coeur même des systèmes d’exploitation – webkit notamment est un bon exemple.
Autre problème, qu’advient-il de la publicité ? Celle-ci a été la béquille, souvent peu rassurante, d’à peu près tous les sites Web, avec un constat des plus intéressant : la publicité ça ne marche pas ou si peu. Voilà, l’illusion à laquelle les chaînes de télévision et les radios avaient échappé, mais qui malheureusement a heurté le Web de plein fouet, avec une conséquence évidente, la chute des prix des annonces. La place de ces messages commerciaux sur le Digital-Me paraît plus délicate à définir. Dans sa forme, fini les bandeaux agressifs, conçu avec la jugeote d’un communiquant de chez Pampers, la publicité doit apprendre à se faire discrète, mais utile – si possible. Entre deux messages informationnels, les annonceurs ont tout juste le droit à un espace interstitiel pour vanter leur produit, ou plutôt pour retenir l’attention de l’internaute.
Reste maintenant à déterminer sur quelle super-structure de distribution des “data” ce nouveau paradigme va prendre son assise. Le cloud computing devrait évidemment jouer un rôle, mais ce n’est pas suffisant pour englober un phénomène aussi radical que le Digital-Me. Deux piliers sont aussi importants pour comprendre cette mécanique, il s’agit de la synchronisation globale, et l’interopérabilité horizontale. Mais cela sera l’occasion d’une troisième partie.

La Fin du Web (Episode 3)

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